"Je me suis ouvert à lui, et lui ne réagit pas. Dire que j'ai fait tout ça pour rien... Je me sens fâchée, honteuse !"
"Je m'ouvre qu'à des gens avec qui je me sens très proche. Je peux paraître très froid(e) et distant(e) avec ceux qui sont en dehors de mon cercle proche."
"Je suis dans une relation fusionnelle et de dépendance avec ceux qui sont proches. Une absence de réponse à une sollicitation peut d'ailleurs me faire basculer dans l'anxiété. Cela m'est insupportable."
"Je m'ouvre à l'autre que si je me sens en sécurité."
Il est fréquent de rencontrer cette peur. Elle a de surprenant qu'aimer se présente à l'inconscient collectif comme un acte altruiste. Il convient donc de distinguer qu'il y a deux entités en nous capable d'aimer :
1) l'égo,
2) l'Etre.
Dans le premier, l'amour se rapproche de Eros ou Philia (pour les Grecs), dans le second "Amour" se rapproche de Agapé (pour les chrétiens).
© Photo de Mikhail Nilov
La peur d'aimer est une peur de l'égo. L'Etre lui, n'a pas peur d'aimer.
L'amour de l'égo
L'égo correspond à l'état conscient du Moi. L'égo est dans l'illusion de contrôler et se sent responsable de tout ce qui lui incombe. A la fois nécessaire à la survie et à un certain ordre social, il peut également être source de troubles quotidiens. Sa plus grande peur est de mourir. L'absence de témoignage d'amour, le confronte donc à la peur de la mort : celle de la solitude, de ne pas exister.
L'Amour de l'Etre
L'Etre Est en permanence. Il est accessible à la conscience subtile (sur un plan vertical). Celui qui Est, est dans l'accueil et l'acceptation de ce qui Est.
Nous souvenir que nous ne sommes pas qu'un ego. Nous souvenir que nous appartenons à un tout qui nous dépasse. Ce n'est pas notre "Moi conscient" qui a décidé d'atterrir sur une planète ronde qui tourne à 107 000km/h autour d'un soleil distant 150 000 milliards de kilomètres. Ce n'est pas l'égo non plus qui décide de respirer, de digérer, d'éliminer les organismes étrangers de l'organisme. L'Etre est humble, l'égo est inquiet et tyrannique (avant tout pour soi-même...).
Il y a donc deux façons d'aimer :
1) dans le contrôle (ego)
2) dans l'acceptation / Amour (Etre)
"Aimer ce qui est" est exigeant et s'apprend. Il est nécessaire d'apaiser et familiariser l'égo avec "la peur de la mort". Cela peut se faire en travaillant sur deux plans :
- cognitif : par la parole, le langage,
- corporel : par l'accueil des sensations dans le corps, et leur alchimisation. La méditation axée sur le corps, avec une respiration consciente est un exercice aidant.
Aimer est complexe car il nous confronte à deux plans de nous même :
1) notre matière : le fait d'être un individu de chair et d'os, guidé par des pulsions, des envies, des désirs, qu'il est important d'assouvir à un certain degré.
2) notre spiritualité : le fait d'être un individu capable de penser ce qu'il est, de prendre du recul sur sa condition humaine. D'agir en accord avec une conscience morale, qui s'étend au delà de l'individualité.
© Charles CROUZAT - Votre Psychologue & Coach certifié à Lille et Villeneuve d'Ascq
A titre personnel, lors de mon travail sur moi, j'ai pris conscience que j'avais peur d'aimer. Cela se traduisait par une difficulté à aimer vraiment et simplement. Je préférais souvent fuir et me cacher derrière la rationalisation (comprendre, analyser).
Lors d'un exercice d'intégration en 5ème année d'étude de psychothérapie, je me suis retrouvé plongé dans un exercice suite à une colère que je ressentais en présence d'une connaissance. On m'a alors proposé de m'installer sur le tapis, et de choisir un thérapeute qui pourrait représenter cette personne dont la simple pensée générait en moi une profonde colère. Je me suis laissé aller dans l'exercice, lâchant mon mental comme j'apprends à le faire de plus en plus.
Exprimant ma colère au thérapeute qui servait de surface de projection, j'ai alors senti la peur se manifester de plus en plus dans mon corps (dans le ventre et la gorge). La verbalisant et la laissant venir, un autre thérapeute est venu représenter cette peur, me permettant de lui parler.
Puis, au bout d'un moment, la doyenne de psychothérapie s'est levée pour s'approcher vers moi. J'ai alors senti une profonde tristesse émerger de nulle part, une inquiétude et un chagrin, faisant trembler mes cordes vocales. A l'approche de la doyenne, je pouvais sentir la chaleur de son corps, une chaleur enveloppante, chaude et rassurante me rappelant l'enveloppe maternelle. Tout mon corps a explosé en sanglots. Remué dans ce cocktail d'émotions, je me suis jeté dans les bras de celle qui symbolisait Maman pour pleurer et demander pardon. Baigné d'Amour, mon corps convulsait, comme pour évacuer des traumatismes bien enfouis. Je me suis aussi surpris à accueillir cette doyenne, envers qui j'avais parfois des pensées dures. En pleurant j'ai pu lui exprimer combien j'avais peur d'aimer et combien je voulais apprendre. Je ne peux vous traduire en d'autres mots de façon plus précise ce que cela a fait bouger en moi. Il y a des expériences que seul le vécu permet de comprendre. J'ai appris une chose, que les émotions en cachent d'autres et que Aimer, permet de se libérer de la peur.
Pour explorer ce qui se joue en vous, et cheminer sur votre chemin, vous pouvez prendre RDV en ligne ici.
Pour prendre du recul sur l'amour, je vous conseille la conférence sur l'amour d'André Comte Sponville. Disponible en 3 CDs, elle se décompose en séquences de 5 à 10 minutes faciles à écouter et sur lesquels méditer.
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